L'image secoue le spectateur en retirant l'œil de son contexte habituel, en le présentant sans le visage auquel il appartient. Elle perturbe davantage l'attente en plaçant un ciel circulaire dans l'oculus ordinaire. Parfois appelé « réalisme magique », une telle juxtaposition d'objets normalement indépendants dans un contexte apparemment incongru est caractéristique de beaucoup de Magritte. Pour Magritte et Surréalistes travaillant dans un mode similaire, ces combinaisons surprenantes, voire bizarres, ont été considérées comme les produits de leur esprit inconscient. En les visualisant, les artistes croyaient qu'ils pouvaient aussi toucher les esprits inconscients de leurs spectateurs.De nombreux collègues surréalistes de Magritte, dont Man Ray, Salvador Dalí et Max Ernst, ont utilisé les yeux comme motif dans leur art. Dans leurs œuvres, comme dans les Magritte, les yeux sapent nos hypothèses de base – ils sont recontextualisés, multipliés et agressés ; parfois, ils pleurent des larmes de verre. Les surréalistes ont voulu dire ce genre d'images pour rendre les téléspectateurs mal à l'aise, pour calmer les attitudes complaisantes sur l'art et la vie. En remplaçant l'iris des yeux par un ciel bleu et nuageux dans le faux miroir, Magritte nous défie de nous interroger sur ce que nous voyons et ce que nous pensons savoir. Le ciel est-il un reflet de ce que l'œil voit ? L'œil est-il en fait une ouverture dans une autre réalité ? Est-ce qu'on regarde une vision intérieure, ou autre chose ? Une chose est certaine : le faux miroir Magritte est une invitation à regarder le monde différemment.